Le 1 rue Louis Rolland d'hier

Aujourd'hui, au 1 rue Louis Rolland se dresse une résidence, mais ce ne furent pas toujours des immeubles d'habitation, loin s'en faut, qui se tenaient à cet emplacement...

Dans un premier temps, jusqu'en 1850, l'allée ne servant que de chemin de passage entre la route d'Orléans et la ville de Montrouge, aucune construction n'existait sur la voie.
A partir de 1850, la villa d'Orléans est progressivement lotie mais pas en son extrémité fermée de grilles et gardée.
C'est alors que la première construction est bâtie à l'emplacement actuel du 1 rue Louis Rolland : une tannerie !
L'entrée de la Tannerie Enault se faisait route d'Orléans et les bâtiments de l'usine s'étallaient sur près de la moitié du côté sud de la rue Louis Rolland...



En 1702, une ordonnance de police interdit de laver les cuirs et les peaux dans la Seine.
Peu à peu les industries du cuir sortent donc de Paris et remontent le cours de la Bièvre.
D'origine naturelle (tanin, huile poisson) ou chimique (lait de chaux, alun), les substances utilisées dans la tannerie, ainsi que les déchets organiques et les teintures rejetés dans la rivière sont à l'origine de graves pollutions des eaux de la Bièvre.
L'usine Enault, en concurrence avec les tanneries de Gentilly ou d'Arcueil confrontées à ces problèmes de pollution, s'installa à Montrouge.
Plusieurs fois reconstruite à cause d'incendies, elle s'était installée sur l'avenue d'Orléans et avait percé un puits artésien vers 1850.
Les avantages de ce puits étaient de ne pas nécessiter de pompe pour remonter l'eau puisque qu'elle jaillit en surface, et de s'affranchir de l'utilisation des eaux de la Bièvre.



La Tannerie Enault, outre les cuirs lisses pour chaussures, travaillait surtout pour les cuirs destinés à la marine et à l'armement.
Elle marquait le paysage de sa haute cheminée reconstruite en 1905.



Comme plusieurs autres industries des environs, la compagnie fournissait de nombreux emplois aux montrougiens et comprenait une société de secours mutuel.
Un généreux bienfaiteur de la ville de Montrouge, E. Boucher qui habitait à mi-hauteur de la rue Louis Rolland avait même fondé la fanfare de l'usine Enault en 1884.
A proximité de l'usine, on trouvait des menuiseries, des constructeurs de machines-textiles, des teintureries dont les façades alternaient avec les commerces liés à la circulation hippomobile et qui s'adaptèrent à l'automobile notamment du fait de la proximité de la route d'Orléans.



La tannerie Enault, emportant avec elle ses puanteurs, s'est envolée en fumée en 1937, détruite par un ultime incendie.

Le lieu est ensuite resté à l'abandon pendant toute la période de la guerre et de l'après guerre, jusqu'en 1955...

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